Des avancées scientifiques au sein du LIFE+ Pétrels !
L’équipe du LIFE+ Pétrels s’est renforcée depuis le début de l’année, nous permettant d’améliorer considérablement nos connaissances en écoéthologie des chats ou encore en génétique des pétrels !
Durant ces derniers mois, 4 stagiaires en Master 1 et Master 2 de l’Université de La Réunion ont été recrutés pour compléter l’équipe du programme LIFE+ Pétrels.
Ainsi, durant 6 mois, Naïs AVARGUES a réalisé une étude en « éco-éthologie» autrement dit l’étude du comportement d’individus (voir d’une population ou d’une espèce), influencés par des conditions environnementales. Dans ce cas précis, il s’agissait d’étudier la population de chats errants se reproduisant en milieu naturel sur l’île. L’objectif de son stage était d’optimiser les méthodes actuelles de contrôle de ces populations sur l’île de La Réunion. En effet, les chats errants en milieu naturel représentent une des menaces principales pesant sur les populations d’oiseaux et particulièrement sur les pétrels endémiques de l’île. Pour rappel, il a été démontré qu’un seul chat peut à lui seul tuer jusqu’à 90 pétrels par saison de reproduction. L’objectif du stage de Naïs était de permettre un positionnement spatio-temporel optimal des cages en modélisant les déplacements et les domaines vitaux des chats. Sur la base de cette analyse, de nouveaux protocoles de capture des chats errants en milieu naturel ont été proposés pour la saison 2016. Ceci se traduit entre autre par la réduction du nombre de cages installées et l’optimisation de l’attractivité de celles-ci.
Un grand merci à SFR Réunion de nous avoir accompagné dans cette étude via le don de cartes SIM qui nous permettent de suivre en temps réel les cages et d’avoir une alerte dans le cas où un chat a été capturé afin d’aller le récupérer au plus vite.
Cette étude sera complétée en 2017 par un nouveau stage universitaire pour réaliser une analyse génétique des populations de chats présentes et étudier la connectivité de ces populations entre les zones péri-urbaines et les zones naturelles.
Samantha CORRE à quant à elle été recrutée par Laurence HUMEAU du laboratoire ENTROPIE de l’Université de La Réunion, pour étudier la structure génétique des populations de Pétrels de Barau.
Ce type d’étude est fondamental pour estimer la taille d’une population. En effet, lorsque la population d’une espèce est trop petite, il existe un risque accru de voir disparaître certains gènes au fil des générations : c’est la dérive génétique, elle s’accompagne d’une concentration de gènes identiques liée à la consanguinité. Les conséquences sont inquiétantes car les capacités d’adaptation et de reproduction des animaux baissent ; la variabilité génétique s’effondre, des gènes et des combinaisons génétiques performants sont perdus.
Ainsi, diversité génétique et biodiversité sont fortement interdépendantes; la diversité génétique au sein d’une espèce est nécessaire pour maintenir la diversité des espèces.
Lors de ce stage, il a a pu être démontré que la population aujourd’hui étudiée de Pétrels de Barau présenterait une diversité génétique correcte, ce qui est une bonne nouvelle ! De plus, des petites différences génétiques ont pu être montrées entre les 2 colonies de Pétrels de Barau aujourd’hui connues, pourtant situées seulement à quelques kilomètres l’une de l’autre ! Avec une simple analyse de sang, les différences génétiques permettraient de connaître les colonies d’appartenance des pétrels échoués à cause de la pollution lumineuse, voir de mettre en évidence la présence de colonies restant à découvrir !
De leur côté, Marc GORON et Morgane MANOURY, encadré par Laurence HUMEAU, ont travaillé sur la diversité génétique de notre seconde espèce de pétrel endémique de La Réunion, le Pétrel noir de Bourbon! Les résultats de cette étude étaient très attendus et ont pu montrer une diversité génétique aujourd’hui correcte, avec une composition génétique proche entre les 18 individus échantillonnés (qui sont des individus qui ont été retrouvés échoués à cause de la pollution lumineuse). Cela prouverait que ces individus proviendraient d’une même population, ou bien de populations différentes mais non isolées les unes des autres. Cependant, plusieurs éléments, comme la présence d’allèles rares, ont pu renforcer l’hypothèse d’un déclin récent avec un effondrement du nombre de Pétrels noir qui pourrait être liée à l’arrivée de l’homme sur l’île et de ses menaces associées.
L’étude génétique nous a permis de mettre en évidence que la population qui contribue à la reproduction est comprise entre 50 et 200 couples. Cependant, cet intervalle est issu de 18 échantillons seulement prélevé depuis 2008.. La population a du sûrement bien diminuer avec l’augmentation des menaces…
Ces résultats sont aujourd’hui à approfondir !