Les pétrels peuvent-ils survivre aux chats harets et aux rats?
A cette question complexe, étudiée depuis longtemps localement mais aussi dans le monde entier, la réponse est unanime et sans exception : oui MAIS uniquement avec l’aide de l’homme.
L’introduction de mammifères exotiques envahissants (Chat, rat, mangouste….) sur les îles est une triste réalité mondiale, qui a déjà entraîné la disparition de beaucoup trop d’espèces endémiques. La Réunion, depuis la colonisation de l’homme et l’introduction involontaire des rats et volontaire des chats, compte déjà plus de 20 espèces d’oiseaux disparus… Toutes les espèces endémiques restantes, sont malheureusement au plus mal à cause de la présence de ces prédateurs dans tous les milieux naturels de l’île. Le chat haret et les rats sont considérés à La Réunion comme des espèces exotiques envahissantes, car elles ont des impacts négatifs écologiques (perte de biodiversité) et sanitaires (vecteur de toxoplasmose et leptospirose). Parmi leurs victimes, les passereaux forestiers (Tec-tec, Zostérops, Merle pays, Oiseau-la-vierge et Tuit-Tuit qui est en danger critique d’extinction comme le Pétrel noir de Bourbon), les Puffins du Pacifique (oiseau marins essentiellement côtier à La Réunion) les geckos endémiques.
En 2016, la lutte contre les prédateurs a représenté 198 jours avec une soixantaines de personnes engagées sur ces actions. Cette lutte, qui est mise en place directement sur le pourtour des colonies des Pétrels de Barau, est une mesure d’urgence indispensable pour leur conservation. En effet, cette espèce revient chaque année sur l’île pour se reproduire. Elle est alors, à ce moment là, encore plus vulnérable et à la merci des prédateurs introduits sur l’île depuis sa colonisation par les hommes : les chats harets et deux espèces de rats.
Ces prédateurs font de gros dégâts sur les colonies de pétrels, on estime qu’un chat peut à lui seul tuer plus de 90 pétrels par saison de reproduction. Les rats, eux, s’attaquent plutôt aux œufs et aux poussins. Pour diminuer les ravages que peuvent causer ces prédateurs sur les colonies de Pétrels de Barau, les équipes du LIFE+ Pétrels, en collaboration avec le Parc national de La Réunion et l’AVE2M mettent en place chaque année des campagnes de dératisation et de contrôle des populations de chats.
Ainsi, les sites d’études de Pétrels de Barau ont été dératisés par voie terrestre entre septembre et novembre 2016 lors de plusieurs passages. Ceci représente environs 5 hectares dans des zones qui ne sont pas toujours très accessibles.
La lutte contre les chats ensauvagés, elle, a été optimisée en hiver 2016 en prenant en compte les résultats de l’étude d’une étudiante de Master 2 BEST de l’Université de La Réunion, Naïs Avargues (1). Naïs a travaillé sur l’optimisation des protocoles de capture des chats en milieu naturel. Dès Juin 2016, un nouveau protocole a été mis en place permettant ainsi de diminuer l’investissement des agents sur le terrain. En effet, les cages installées, moins nombreuses qu’en 2015 et mieux positionnées, sont contrôlées à distance par l’intermédiaire de pièges photographiques. C’est grâce à ce contrôle à distance et à la réduction du nombre de cages disposées sur le terrain que les captures de chats ont été plus efficaces (augmentation des taux de capture en 2016, graphique ci-dessous) tout en diminuant l’investissement humain(2).
Ainsi, en 2016 plus de 98 chats ensauvagés ont pu être capturé sur plus de 6500 hectares.
Globalement, l’optimisation de la méthode a été efficace car le nombre de chats capturés a augmenté, notamment sur les zones à fort enjeu, tout en diminuant par 2 l’ effort de capture.
Ces opérations de lutte contre les prédateurs, sont lourdes en organisation et en moyens humains. Cependant, le combat est loin d’être terminé, il faut maintenir l’effort!
(1)Naïs AVARGUES, dans le cadre du Master BEST, a réalisé une étude le comportement des populations de chats errants se reproduisant en milieu naturel sur l’île. L’objectif de son stage était d’optimiser les méthodes actuelles de contrôle de ces populations sur l’île de La Réunion. Pour cela, elle a proposé un protocole visant à réduire le nombre de cages installées et l’augmentation de l’attractivité de celles-ci.
(2)Avant l’optimisation du protocole, 20 à 40 cages étaient disposées sur le terrain. Les agents allaient alors les contrôler tous les jours. Après optimisation, le nombre de cages à été divisé en moyenne par 5 et le contrôle des cages les moins accessibles est réalisé à distance grâce aux pièges photographiques .
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